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  • Photo du rédacteurAmina-Mathilde

#Analyse pour le Magazine BRIEF, le magazine des communicants publics




Je suis heureuse de participer au dossier spécial de cette nouvelle édition du Magazine BRIEF, le magazine des communicants publics, pour analyser la communication de l'État dans le cadre de la crise sanitaire. Vous pouvez retrouver mon analyse dans l'édition du mois de Mai 2020 en libre accès ici : https://bit.ly/2YEMWWX et transcrite ci-dessous.


Communication de l’Etat : quelles leçons retenir de cette longue séquence ?


"Le gouvernement a été timide dans l'usage de canaux alternatifs ou informels"

Deux leçons m’ont paru assez générales pour servir lors d’une prochaine crise . La difficulté de cette crise, c’est l’incertitude scientifique. Dans la mesure où la politique du gouvernement se fonde sur l’avis des scientifiques, il faut davantage les mettre en avant dans la stratégie de communication. En ce sens, communiquer sur le Conseil scientifique était une bonne initiative. Mais le parti pris a été de mettre en avant un consensus de façade par la seule voix de son président, le Pr. Delfraissy. Faute de médiatiser le débat du Conseil, il s’est déporté sur les réseaux sociaux et les chaînes d’informations, où la multitude de médecins et journalistes santé a créé de la confusion. Face à la diversité des opinions, le consensus du Conseil est apparu comme “partisan” et il y a eu amalgame entre Conseil scientifique et gouvernement. L’exemple du Pr. Raoult est éclairant : d’abord membre du Conseil, il l’a quitté sur des désaccords scientifiques pour utiliser ses propres canaux de communication. Simple opposant scientifique, il est devenu aux yeux de l’opinion un opposant politique au gouvernement. L’enjeu n’est pas de justifier sa politique par un consensus fictif des scientifiques (alors que les hypothèses qui le sous-tendent risquent de se révéler à posteriori erronées, cf. H1N1) mais au contraire en assumant qu’il y a controverse entre les plus grands experts. Un format adapté pourrait être une émission très encadrée, pré-enregistrée, où chaque membre du Conseil exposerait sereinement ses divergences en présence du Président de la République qui, à l’issue des exposés, expliquerait pourquoi tel avis aurait été retenu pour mener sa politique (principe de précaution, etc).


La deuxième leçon porte sur les confinement et déconfinement. Un objectif majeur de la communication est que la population respecte les mesures du gouvernement. C’est un enjeu central pour le succès du confinement, et plus encore du déconfinement qui repose bien plus sur l’adhésion que la coercition. Or avec la multiplication des canaux médiatiques, certaines franges de la population ne sont accessibles qu’à travers les réseaux sociaux ou les formats de divertissement. Début avril, on a critiqué l’émission de Cyril Hanouna spéciale “Fake news”, finalement déprogrammée par C8, mais le gouvernement aurait pu envoyer un représentant voire un ministre à l’aise avec ce genre d’exercice. Hormis les campagnes sur les gestes barrières sur les réseaux, le gouvernement a été timide dans l’usage de canaux alternatifs ou informels (BRUT, Konbini, Clique TV...). Il y a sans doute la crainte de l’accusation de “dévaloriser la stature présidentielle”. Or il s’agit, très empiriquement, d’une question d’efficacité. En 1985, l’association Mitterrand et Mourousi a pu décontenancer dans “Ça nous intéresse Monsieur le Président” mais l’objectif était de toucher une cible jeune et grand public. Ce fut un succès d’audience (19 millions de téléspectateurs autant que les finales de 1998 et 2018) et une des grandes réussites du duo Colé-Pilhan.


Amina-Mathilde N’Diaye

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