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  • Photo du rédacteurAmina-Mathilde

#Portrait : le métier de communicante

Le journaliste et sociologue Michel Bampély m'a suivie pendant une journée pour réaliser un portrait sur mon expérience chez Make.org.



La plateforme de consultation citoyenne en ligne Make.org vient de lancer une consultation nationale avec pour ambition de réduire les phénomènes d'exclusion culturelle, causant des ségrégations sociales et géographiques en France. Portrait d'une chargée de communication enthousiaste au sein de cette startup innovante.


Amina-Mathilde N’Diaye est à la fois ombre et lumière. Quelques jours avant l’événement de lancement de l’opération, elle affine en toute discrétion sa stratégie de communication, convainc encore quelques personnalités du monde de la culture de rejoindre la Grande Cause sur l’Accès à la Culture pour tous. Le mercredi 27 juin à l’Opéra Bastille, elle apparaît, le tailleur noir impeccable, la mine radieuse afin d’accueillir les 250 participants à la cérémonie dont la ministre de la Culture Françoise Nyssen. Une première table ronde réunit ce soir-là le chanteur Benjamin Biolay, le metteur en scène Ladislas Chollat, l’actrice Déborah François, la réalisatrice Cloé Bailly et le journaliste Olivier Ravanello, chacun livrant un témoignage très personnel sur le parcours parfois atypique qui l’a mené à s’accomplir dans son domaine, tout en indiquant quelles pistes il serait bon de développer, pour ouvrir la culture au plus grand nombre.


L’objet de ma recherche portant sur la trajectoire des enfants issus de l’immigration dans le monde des arts et de la culture, je mène mon enquête sociale auprès d’Amina-Mathilde, féministe métissée de 28 ans, experte en technologie civique. Au sein de Make.org, une civic tech dédiée à la transformation positive de la société par la collaboration massive des citoyens, Amina-Mathilde N’Diaye est assurément un exemple de ce que d’aucuns appellent l’intégration à la française.

Dans un café du XXe arrondissement de Paris, proche des bureaux de Make.org, elle se livre à l’exercice de l’entretien semi-directif et aborde son histoire personnelle. Sa mère, cadre au sein d’une entreprise du digital, est d’origine espagnole et a grandi, étudié en France. Son père malien, connaisseur des traditions peules dans son pays, assista pendant plusieurs années l’écrivain et ethnologue Amadou Hampâté Bâ.


« Je dois mon parcours professionnel en grande partie à mes parents qui nous ont toujours poussés, encouragés mes deux frères et moi. Dans leurs familles respectives, la connaissance et les études ont toujours été très valorisées. J’ai essayé de rester cohérente dans mon parcours en évoluant dans les domaines qui m’intéressent tout particulièrement, les médias sous toutes leurs formes et la vie publique » souligne-t-elle. Amina-Mathilde est diplômée de l’école de communication EFAP Paris. Pendant et après ses études, elle enchaîne les stages tout d’abord à France-Antilles puis apprend les rudiments de son métier pendant un an au journal L’Express. Tout en continuant à s’informer sur les innovations du secteur durant son temps libre, elle développe ses compétences relationnelles et son réseau professionnel, avant de croiser la route chez Publicis de son actuel patron et mentor Axel Dauchez.


« J’ai rencontré Axel Dauchez, ancien patron de Deezer et de Publicis France alors que nous préparions la première édition du salon Viva Technology et c’est alors qu’il m’a demandé de rejoindre l’aventure Make.org qu’il venait de démarrer. Quand je suis arrivée nous étions moins de dix personnes. Il y avait tout à inventer. Ce qui m’a plu, c’est l’autonomie d’action et la créativité que j’ai pu déployer pour intéresser les médias à notre projet. Pour moi, Make.org était la rencontre évidente entre deux évolutions, la volonté croissante d’engagement de la part des citoyens et l’expansion du journalisme de solution et des nouvelles écritures ».


En novembre 2017, l’équipe de Make.org et ses partenaires ont notamment élaboré un plan d’action de la société civile pour réduire de manière significative les violences faites aux femmes, une initiative vivement accueillie par les associations qui s’impliquent au quotidien auprès des victimes. Le nouveau chantier de Make.org consiste à recueillir et analyser les propositions des citoyens afin de lutter contre les différentes formes d’exclusion culturelle, en soutenant notamment des actions ciblées sur les populations confrontées aux ségrégations sociales et géographiques. Lors de la grande consultation nationale, la question « comment rendre la culture accessible à tous ? » est posée à un panel de 500 000 citoyens. Ainsi, Jolan un internaute, propose de rendre les musées, les monuments historiques et autres sites culturels gratuits pour les jeunes au moins durant les vacances scolaires. Une proposition soutenue par 89% des votants et que 12 % ont adorée.


«La plateforme de civic tech implantée en France et bientôt en Europe lancera peut-être un jour des consultations sur le territoire africain», se plaît à penser Amina-Mathilde qui croit fermement au formidable potentiel de ce continent.

Elle conclut l’entretien d’une voix posée mais déterminée, évoquant un instant ses débuts de jeune stagiaire où elle découvrait enchantée « sa possibilité de communiquer » auprès des médias. « Je mesure mon parcours comme une chance. J’ai porté mon intérêt sur les médias et internet, des fenêtres sur le monde, en essayant de comprendre ce qui peut fonctionner auprès d’une audience. J’ai une grande curiosité des autres, ce qui les anime et les pousse à l’action. Mon métier, c’est d’abord une passion des autres. »


Les principaux acteurs de La Grande Cause pour l’accès à la Culture pour tous, lors de la soirée de lancement du 27 juin 2018, à Bastille.

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